Vous croyez que seuls les Québécois ont des aspirations indépendantistes au Canada ? Détrompez-vous. Il y a des séparatistes un peu partout dans le pays, d’un océan à l’autre… Le mot « séparation » est bilingue. Et il se prononce aussi bien avec l’accent de l’élite de la Colombie-Britannique que celui des riches cowboys de l’Alberta, des modestes fermiers de la Saskatchewan et des pêcheurs désabusés de Terre-Neuve. Bien que marginaux, certains séparatistes de l’Ouest ont même fondé leur propre parti politique.
Le sentiment « anti-Confédération » ne date pas d’hier ! Dans leur film, les réalisateurs Guylaine Maroist, Michel Barbeau et Eric Ruel retracent l’histoire du Canada vu sous l’angle des provinces de l’Est et de l’Ouest. Étonnant pour les Québécois, et la plupart des Canadiens anglais, de constater que le « séparatisme » tourmente notre grand pays depuis sa fondation, en 1867. Les États-Désunis du Canada expose le ras-le-bol de citoyens canadiens qui expriment souvent tout haut ce que leurs compatriotes pensent tout bas. Dans l’ouest, où un fort sentiment d’aliénation sévit depuis 40 ans, on ne peut plus supporter l’idéologie « libérale » qui règne sur Ottawa.
Le documentaire part à la rencontre de ces enfants terribles qui veulent redessiner les frontières. Ces hommes et ces femmes, qu’on n’entend jamais dans les médias, expriment un malaise général from coast to coast et nous font réfléchir sur des questions fondamentales sur notre pays. Qu’est-ce qu’un pays ? Qu’est-ce qu’une nation ? And what about Quebec?
Production
Guylaine Maroist
Eric Ruel
Scénario et narration
Guylaine Maroist
Réalisation
Michel Barbeau
Guylaine Maroist
Eric Ruel
Consultants
Sylvain Cormier
Daniel Dupré
Martin Goeffroy
Direction de la photographie
Eric Ruel
Direction de la
photographie supplémentaire
Alain Bisson
Étienne Bruyère
Yanick Castonguay
Steeve Desrosiers
Alberto Feio
Jean-François Perreault
Montage
Martin Gagnon
Eric Ruel
Montage sonore
André Chaput
Martin Gagnon
Mixage sonore (ONF)
Jean Paul Vialard
Le sentiment « anti-Confédération » ne date pas d’hier! Dans leur film, les réalisateurs Guylaine Maroist, Michel Barbeau et Eric Ruel retracent l’histoire du Canada vu sous l’angle des provinces de l’Est et de l’Ouest. Étonnant pour les Québécois, et la plupart des Canadiens anglais, de constater que le « séparatisme » tourmente notre grand pays depuis sa fondation, en 1867. Dès les premiers jours de la Confédération, le conservateur John A Macdonald devait composer avec une première province séparatiste : la Nouvelle-Écosse. Un autre personnage menaçait aussi l’union des Colonies de l’Amérique du Nord Britannique : Louis Riel.
Tourné avant l’élection d’un Stephen Harper majoritaire, le documentaire expose le ras-le-bol de citoyens canadiens qui expriment souvent tout haut ce que leurs compatriotes pensent tout bas.
De quoi on accuse-t-on la Capitale nationale? D’une mauvaise gestion des ressources mais surtout, du pouvoir pharaonique deux provinces centrales : l’Ontario et le Québec. Dans l’Ouest, où un fort sentiment d’aliénation sévit depuis 40 ans, on ne peut plus supporter l’idéologie « libérale » qui règne sur Ottawa. Le Dr Leon Craig, séparatiste et professeur emeritus de l’Université de l’Alberta, exprime combien il est frustrant pour la plupart des gens de l’Ouest de vivre dans un pays « socialiste », où l’avortement et le mariage gai sont légaux…
Mais les propos les plus cinglants sont dirigés vers les Québécois. Oreilles sensibles, prière de s’abstenir! Stephen Harper saura-t-il calmer les ardeurs des séparatistes du R.O.C.?
Le virus du séparatisme est dans l’ADN du pays depuis sa naissance, en 1867. Dès les premiers jours de la Confédération, une forte menace séparatiste est venue de la Nouvelle-Écosse. Le Parti Anti-Confédération a fait élire 18 député sur 19 à la Chambre des communes. Beaucoup plus fort que le Bloc Québécois dans ses meilleures années! John A. MacDonald a réussi à amadouer le chef du Parti en lui offrant un poste au sein de son cabinet. Dans l’Ouest, un autre « séparatiste » va coûter une fortune à MacDonald : le métis Louis Riel.
Au Canada, le séparatisme est un sujet tabou. Le Référendum de 1995, auquel 49,42 % de la population a voté en faveur de l’indépendance, a profondément blessé plusieurs Canadiens.
En 2006, avant l’arrivée de Stephen Harper comme Premier Ministre du pays, le sentiment d’aliénation des gens de l’Ouest était à son paroxysme. Révoltés par le Scandale des Commandites, le règne sans partage des Libéraux et le pouvoir des Québécois à Ottawa depuis plus de 40 ans, les « westerners » se sont mis à songer à l’option souverainiste. Plusieurs partis politiques ont vu le jour. L’avènement du nouveau Parti Conservateur, anciennement le Parti Réformiste, a calmé les ardeurs souverainistes. Mais lorsque le Parti passera aux mains d’un autre parti, ce qui est inévitable, qu’arrivera-t-il?
Le politologue albertain Roger Gibbins affirme que le pouvoir de Calgary sur la colline parlementaire est là pour durer. Et que le Québec aura désormais une position « d’arrière-garde ». « C’est inévitable, comme vieillir. » L’argent du pétrole a fait pencher la balance du bord de l’Alberta. Si les séparatistes de l’Ouest sont pour la plupart satisfaits des gestes posés par Harper, leurs propos nous aide à mieux comprendre le virage idéologique effectué par Ottawa depuis mai 2011.
Ouest du Canada
« Western Alienation ». C’est l’expression consacrée pour exprimer le ras-le-bol de nos voisins de l’Ouest. Surtout dans la riche Alberta, qui verse, grâce à son pétrole, plus de 11 milliards de dollars au Canada. Malgré tout l’argent versé, un très large pourcentage d’Albertains ont le sentiment de ne pas être entendus à Ottawa. Voici une courte liste des sujets de discordes : Kyoto, mariage entre personnes du même sexe, agriculture, système de santé, registre des armes à feu. Au sein des mythiques rocheuses, ils ont le sentiment d’être hors-jeu et de ne pas compter pour le reste du pays. Plusieurs citoyens de l’est de la Colombie-Britannique et de l’Alberta se trouvent plus d’affinités avec les cow-boys du Texas qu’avec les courtiers de BayStreet.
Western Independance
Depuis le début des années 80, plusieurs partis politiques ont mis dans leur agenda politique l’indépendance des quatre provinces de l’Ouest (La Colombie-Britannique, l’Alberta, la Saskatchewan et le Manitoba). Les principaux partis prônant l’union des Provinces de l’Ouest sont le Western Canada Concept, le Western Independance Party et plus récemment, le Western Block Party.
En 1982, on a même élu un député du Western Canada Concept : Gordon Kesler. Il est le seul député séparatiste à avoir obtenu un siège.
Western Block Party : Le Western Block Party est la réponse occidentale au Bloc Québecois. Douglas Christie est sans doute le séparatiste qui a fait le plus couler d’encre depuis 25 ans. Cet avocat de Victoria, en Colombie Brittanique, a souvent semé la controverse autant à cause de ses positions d’extrême-droite que pour ses positions séparatistes. Plusieurs sympathisant à la cause indépendantiste refusent d’ailleurs de s’y associer à cause de la réputation de cet avocat.
Alberta
L’Alberta est évidemment la Province la plus « séparatiste » au pays après le Québec. Plusieurs partis sécessionnistes se sont succédés depuis 20 ans, dont le Alberta Independance Party, aujourd’hui défunt. Mené par Bruce Hutton, The Separation Party of Alberta a nommé des candidats à l’élection provinciale de 2004.
Ce mouvement existe de façon marginale depuis 30 ans. Mais il a pris des forces au tournant du siècle. En février 2003, le conservateur Ralph Klein, luttant férocement contre Kyoto, a mis son poing sur la table de la Confédération et a servi une menace séparatiste à Ottawa. À cette époque de ras-le-bol, de jeunes mamans en véhicule utilitaire se promenaient à Calgary avec l’autocollant séparatiste : « 100 ans, c’est assez! »
Colombie-Britannique
La Colombie-Britannique fait partie de la Confédération canadienne depuis 1871. Pourtant, les dirigeants de cette province partaient régulièrement en guerre contre Ottawa. Plus récemment, lors du litige entre Victoria et Ottawa portant sur la pêche au saumon, on entendit des voix comme celle de la Sénatrice Pat Carney brandir la menace de la séparation de la province.
BC Refederation Party : Ce nouveau parti né en 2007 prend pour modèle le Parti Québécois. Au lieu de jouer sur la scène fédérale, ils croient qu’ils ont plus de chance de rapatrier certains pouvoirs en prenant place sur la scène provinciale. Leur nouveau chef, John Twig, est en train de mettre sur pied ce parti réformiste pour les prochaines élections. De craintes d’effrayer leurs compatriotes, qui n’ont pas beaucoup d’estime pour les séparatistes, ils veulent entreprendre un parcours étapiste.
La République de Cascadia : Cascadia est un mouvement indépendantiste qui prône l’union de la Colombie-Britannique, de l’Oregon et de l’État de Washington. L’idée n’est pas née d’hier. En 1813, Thomas Jefferson, un des pères fondateurs des Etats-Unis, prédisait que la côte ouest serait un empire indépendant.
Saskatchewan
Au début des années 80, en Saskatchewan, le Unionest Party arguait que les Provinces de l’Ouest devraient se joindre aux Etats-Unis.
Western Independance Party of Saskatchewan : Ce parti prônant l’indépendance de l’Ouest a été fondé en 2002. Bruce Ritter en a été le premier chef. John Nesdoly lui a succédé. À chaque élection provinciale, le parti présente quelques candidats. La première année, ils étaient 17! Aux dernières élections de 2011, ils n’étaient plus que deux, mais Neil Fenske, Dana Arnason, Frank Surfas et David Sawkiw continuent de se battre pour leur cause.
Manitoba
United North America : « United North America is dedicated to the democratic unification of Canada and the United States of America into one nation, under the framework of the United States Constitution. » Et oui, vous avez bien lu! Depuis 2000, Jonathan Wheelwright a un blogue extrêmement populaire. Pour le Manitobain, les Américains et les Canadiens sont des frères et sœurs qui vivraient en parfaite harmonie. Son idée est prisée par plusieurs de ses compatriotes. Ce féru d’histoire prédit que les Provinces vont devenir des États et s’en porteront très bien. Plusieurs citoyens canadiens et américains l’appuient. Son bras droit? Un jeune… Québécois du nom d’Alexandre Dufresne.
Terre-Neuve et Labrador
Le 27 avril 2007, Terre-Neuve scandait « maîtres chez nous ». Son objectif? Plus de pouvoirs pour sa province. Son ambition? Ne plus dépendre d’Ottawa. Le Québec des années 60? Plutôt, Terre Neuve et Labrador 2007. Lors du discours du trône marquant l’ouverture de la session parlementaire, le gouvernement de Terre-neuve et Labrador a tenu des propos hautement similaires aux revendications nationalistes du Québec. Allant même jusqu’à paraphraser l’ancien Premier ministre québécois Jean Lesage à l’époque de la Révolution tranquille.
« Nous sommes prêts à prendre en charge notre avenir et la province deviendra autonome alors que nous deviendront maîtres chez nous » (masters of our own house), a déclaré le lieutenant gouverneur Edward Roberts. « Après le Québec, Terre-Neuve est sans doute la province la plus distincte du pays, affirme Alex Marland, professeur de science politique à l’Université Memorial de St-John’s.
La plupart des artistes et des intellectuels ne se sentent pas chez eux au Canada. En 2005, lorsque le Premier Ministre Danny Williams a mis l’unifolié en berne pour contester une décision d’Ottawa, il aurait parfaitement exprimé le sentiment des Terre-Neuviens. Presque partout, on ne voyait plus flotter que l’ancien drapeau rose, blanc et vert.
À leurs yeux, la crise de la morue, puis le projet hydroélectrique des chutes Churchill, montrent qu’on ne saurait faire confiance au système fédéral. Dans les années 1960, Ottawa a refusé de soutenir Terre-Neuve dans les négociations sur le transport de l’électricité destinée aux marchés américains (elle devait traverser le Québec). Aujourd’hui, l’électricité quitte le Labrador au même prix qu’il y a 40 ans et chaque dollar de manque à gagner arrache des soupirs amers aux insulaires.
Ontario
OntarioUSA : Pour plusieurs, l’Ontario est le Canada. Mais depuis belle lurette, plusieurs Ontariens préféreraient être des Américains… Résident d’Hamilton, Marcus Mayer a conçu un site internet pour promouvoir cette idée. Bien sûr, les Ontariens ne sont pas les seuls à fantasmer sur la bannière étoilée : selon un sondage réalisé par la firme Léger Marketing en 2002, 19.9 % des Canadiens seraient en faveur d’une annexion aux États-Unis et 38% des Américains leur diraient bienvenue!
Ontario Independance League : En 1996, Leonard Briden démarrait son site internet en faveur de l’indépendance de l’Ontario. Son point de vue? L’Ontario ne tirerait que des bénéfices à la suite de l’indépendance.
Nouvelle-Écosse
En 1867, la Nouvelle-Écosse fut la première province séparatiste. De fait, 65 % des citoyens ont signé en 1868 une pétition à la couronne britannique pour révoquer l’Acte de l’Amérique du Nord Britannique. Représentant des citoyens, Sir Joseph Howe était furieux contre le Premier Ministre de la Nouvelle Écosse Sir Charles Tupper qui avait eu l’arrogance de signer une entente avec le Haut et le Bas Canada sans le consentement de son électorat. Après avoir reçu une offre de John A. MacDonald, Joseph Howe s’est rallié au fédéralisme.
Province of Cape Breton Island : Né en février 2000 à Baddeck, ce parti politique créé par des intellectuels veut que le Cap Breton se sépare… de la Nouvelle-Écosse! On clame que l’annexion du Cap Breton a été faite en toute illégalité en 1820…
Mené par Scott MacLean de Sydney, le parti compte 300 membres désireux de former leur propre Province pour se sortir d’une impasse économique. Pour éviter l’exode des jeunes et l’appauvrissement de la région, le groupe a commandé une sérieuse étude pour évaluer leur avenir. L’étude indique notamment que Cap-Breton verse un excédent de 12 millions de dollars à la Province sans obtenir de bénéfices. En 2005, une étude plus approfondie a été conduite par le Dr.Paul Hobson (Department of Economics – Acadia University), le Dr. David Cameron (Department of Political Science – Dalhousie University) and Dr. Wade Locke (Memorial University). En novembre 2006, à la suite de la déclaration de Stephen Harper au sujet de la nation québécoise, Mark MacNeill a déclaré que le Cap-Breton est irréfutablement une société distincte et a demandé le statut de Province au Premier Ministre.
Nunavut
Kitikmeot : « I think we need to pull a Quebec, threaten separation… » Une communauté de l’ouest du Nanavut, qui représente le tiers de cet énorme territoire de 2 millions de kilomètres carrés, rejette les nouvelles frontières de 1999. On souhaterait un retour vers les Territoires du Nord Ouest. On trouve que le pouvoir d’Iqaluit, capitale du Nunavut, est trop centralisateur! Régionalisme, quand tu nous tiens…
Québec
Le Nunavik (ou Nouveau-Québec) forme le tiers nord du Québec et couvre une superficie d’environ 507 000 km² de toundra et de forêt boréale. Les quelque 11 000 habitants du Nunavik, dont 90 % sont Inuits, vivent le long des côtes dans 14 villages nordiques. Dans le village cri de Whapmagoostui, certains désirent se séparer du Québec et joindre le Nunavut.
• Selon un sondage réalisé par le Western Standard en 2005, 35% de la population des trois provinces de l’Ouest étaient prêts à « explorer l’idée que l’Ouest forme son propre pays ». En Alberta, le chiffre montait à 42%. Le sondage a causé l’effet d’une bombe dans les médias canadiens qui ont contesté sa méthodologie et la question. Les gens répondaient oui ou non à cet énoncé : “Western Canadians should begin to explore the idea of forming their own country.”
• Selon la Commission Royale de 2003, 12% de la population de Terre-Neuve voudrait se séparer.
• En 1864, lors de la Conférence de Charlottetown, le chef du Canada-Uni (Le Québec et l’Ontario), John A. MacDonald, a offert aux colonies Maritimes de former la Confédération. Sur les 4 colonies (le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse, l’Île-du-Prince-Édouard et Terre-Neuve), seulement deux ont accepté (le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse).
• En Nouvelle-Écosse, la population mécontente a vite gagné le Parti Anti-Confédération. Aux premières élections fédérales du Canada, en 1867, la population de la Nouvelle-Écosse a élu 18 séparatistes sur les 19 députés… Le parti séparatiste était mené par Joseph Howe.
• En juin 1948, un Référendum a eu lieu à Terre-Neuve pour annexer l’Île au Continent. La population a refusé. En juillet de la même année, on a procédé à un deuxième Référendum. L’annexion fut possible de justesse : 52 % contre 48 %.
• L’écrivain Michael Wagner a écrit en 2009 un livre sur les mouvements séparatistes de l’Alberta : Separatism Then and Now.